«Drache Nationale»:de la jonglerie pour conjurer la pluie

Tout a commencé pendant le confinement, moment ô combien désespérant pour les artistes. Alors que les lieux culturels sont fermés, Gaëlle Coppée cherche de rares espaces où elle peut encore s’entraîner à jongler. C’est dans ce contexte que naît l’idée d’un spectacle qui évoquerait ces tuiles qui vous tombent sur la figure, de manière solide et imprévisible, comme une bonne vieille Drache Nationale. C’est ainsi qu’avec Tom Boccara et Denis Michiels, l’artiste se met à imaginer une pièce où s’abattraient des petits crachins ou des averses fulgurantes. « Ça peut aller du fait de se couper avec une feuille de papier ou ne pas oser danser à une boum à la mort d’un ami ou à la guerre, » nous confie la jongleuse. « Au début, il y avait cette idée d’être mouillé mais, finalement, il n’y aura pas spécialement beaucoup d’eau, » poursuit celle qui, avec sa Cie Scratch, aime décidément dérouter le public.
Malgré tout, cette Drache nationale englobe une question essentielle au spectacle : Comment positiver quand c’est la merde ? Le trio, mis en scène par Bram Dobbelaere, tentera d’y répondre avec des balles, des massues blanches, des K-way, de la pluie, une reine déchue, des rêves ratés, des petites victoires, la liste des pires merdes du monde et surtout : de la jonglerie. Voilà dix ans déjà que cette compagnie belge, à géométrie variable, déploie un univers décalé, d’abord dans des spectacles de rues très performatifs et divertissants (T.N.T., Split) puis dans des propositions plus intimistes, qui ont commencé à trouver leur place aussi dans les salles de théâtre, comme Mousse . Cette pièce, entre jeu burlesque et savoir-faire circassien, leur a d’ailleurs ouvert les portes d’un solide réseau français après un passage réussi dans le Off d’Avignon.
Les revoici avec une nouvelle proposition, Drache Nationale, qui peut se jouer en rue ou en salle, pour un public dès 8 ans. Y retrouvera-t-on leur patte faussement maladroite et leur style fragmenté ? « C’est vrai qu’on ne part pas d’un point A pour aller à un point B mais on tisse des situations qui se font écho et qui opèrent une transformation. Notre matière première, c’est qui on est, nous, Gaëlle, Tom et Denis. On partage nos propres émotions même si, bien sûr, comme on est sur un plateau, on peut se permettre d’exagérer, de faire tomber plus de barrières qu’on ne pourrait le faire dans la vie. On aime jouer sur la légèreté même si, on final, on traite de choses sérieuses. »
Les 7 et 8/4 à la Piste aux Espoirs, Tournai. Du 23 au 30/4 à UP Circus & Performing Arts, Bruxelles. Le 2/7 au Festival au Carré, Mons. Les 19 et 20/8 au Festival de Chassepierre. Mais aussi La Louvière, Wolubilis, le C.C. d’Uccle.