Primoz Roglic – Remco Evenepoel: la revanche se disputera en Italie
Primoz Roglic – Remco Evenepoel: la revanche se disputera en Italie Face aux arènes de Barcelone, où les avenues sont aussi larges qu’une autoroute, Remco Evenepoel s’est revu à Madrid, quelques mois plus tôt, admirant de la même façon les splendeurs architecturales de la deuxième cité espagnole. Pas de victoire finale cette fois, certes, au bout d’une semaine pourtant mémorable mais des satisfactions presque similaires. Et, surtout, des enseignements de première utilité dans la perspective de l’objectif suprême en 2023 : le Tour d’Italie. 1 Les objectifs fixés largement atteints Derrière ses lunettes de professeur, Klaas Lodewyck, le directeur sportif le plus proche du Brabançon dans la structure de Soudal-Quick Step dispose aussi d’un flegme à toute épreuve. Il est l’eau, Remco le feu et cette dualité fonctionne à merveille. « Je sais qu’il est déçu, car un champion comme lui n’est jamais content. Une deuxième place, c’est frustrant, surtout à l’issue d’une course qui s’est jouée aux bonifications. Mais moi, je suis ravi. Les objectifs fixés sont atteints : deux victoires d’étape et un podium, sans parler des maillots distinctifs, c’est parfait. » 2 Des petites erreurs facilement perfectibles Est-il concevable d’évoquer des erreurs lorsqu’on parle d’une deuxième place finale d’un Tour d’une semaine de qualité supérieure ? « Non, admet Lodewyck. Surtout si le vainqueur s’appelle Primoz Roglic, qui a été poussé chaque jour dans ses derniers retranchements. L’expérience conditionne le sang-froid et Roglic a démontré toute l’étendue d’un cyclisme qui a pu sembler cynique à certains. Il a pris le pouvoir dès la première étape là où attendait un sprint massif. Remco était où il devait être mais il a entamé son sprint un poil trop tard alors qu’il était, sur ce coup-là, le plus rapide. Le lendemain, il part trop tôt et prend le dernier virage trop large pour permettre à Ciccone de s’engouffrer. Il y a ensuite la victoire à La Molina. Vous me dites que si Remco avait sprinté jusqu’au bout plutôt que de lever les bras, il aurait pris le maillot. C’est absolument exact, mais là encore, comment lui adresser un reproche ? Il rêvait de cela depuis fin septembre avec le maillot arc-en-ciel. Cela en devenait une obsession. Il est jeune, il a besoin de profiter, je partage sa joie quand il lève les bras. Si on analyse froidement la situation alors oui, c’était une faute car il aurait été leader, il aurait pu défendre plutôt que d’attaquer. 3 Une équipe Soudal-Quick Step supérieure à Jumbo-Visma Un directeur sportif est évidemment plus attentif qu’un autre au fonctionnement collectif de son groupe. Le rapport final sera brillant car la formation belge a dominé ce Tour de Catalogne. C’est elle qui a pris la course en mains. « J’ai beaucoup aimé. La gestion, le placement, l’entente, le partage des rôles, surtout en montagne où les gars se relayaient en fonction de leur forme de l’instant, avec l’honnêteté de partager leurs sentiments dans l’oreillette. Je n’aime pas trop juger comment a fonctionné l’adversaire, car la course a rapidement pris le chemin d’un duel entre Jumbo et nous mais il est certain que nous avons forcé les adversaires à travailler, ce qui a isolé Roglic, lequel n’a pas tremblé. 4 Quelle équipe au Giro ? Les hommes de Klaas Lodewyck ont en tout cas marqué des points dans la perspective du Giro. « Je ne vais pas décréter maintenant que les six équipiers qui étaient ici (Hirt, Serry, Van Wilder, Vervaeke, Masnada et Cattaneo) seront d’office au Giro. La sélection s’effectuera sur base de la forme du moment et de la santé des coureurs car nous ne sommes toujours pas à l’abri d’un cas de covid. Ensuite, il conviendra d’équilibrer cette sélection, d’ajouter un rouleur et/ou un grimpeur. Au moment des classiques ardennaises, nous y verrons plus clair. Nous n’attendrons pas au-delà pour choisir les huit éléments car il n’est pas sain de laisser des athlètes dans le doute. » La garde rapprochée de Remco Evenepoel, à savoir Serry, Vervaeke et Van Wilder a pourtant la garantie d’être au Tour d’Italie. Ces hommes ont partagé les mêmes souffrances au volcan Teide pendant le stage et ils en remettront une couche avant les classiques wallonnes. Les grimpeurs Masnada et Hirt ont été engagés pour le soutenir. Le choix final devrait se jouer entre les rouleurs Cattaneo et Cavagna et le grimpeur Schmid. Le Français a remporté deux étapes à la semaine italienne Coppi et Bartali et le Suisse a gagné le classement final. Difficile de faire mieux pour revendiquer un statut de titulaire… 5 Le contre-la-montre reste l’arme fatale de Remco Evenepoel « C’est sûr que ses paramètres en la matière sont un plus indiscutable, termine Klaas Lodewyck. Mais Roglic est le champion olympique de la discipline, ne l’oublions pas. » Assistera-t-on, du coup, à un nouveau duel sans partage au Tour d’Italie ? Merijn Zeeman, le directeur sportif de Roglic, considérait en tout cas que le cyclisme proposé par Evenepoel a boosté… celui de Primoz. « Remco, c’est le nouveau kid (sic) du peloton. Quand on sait qu’il va forcément s’améliorer avec l’âge, c’est prometteur. Il fait le spectacle, il rend la course attractive et notre « vieux » Primoz a participé au jeu, il adore cela. Aujourd’hui, je vous dirais oui, ce sera un duel entre les deux au Giro mais c’est dans six semaines, n’anticipons pas trop. » Roglic et (surtout) Evenepoel ont offert un spectacle de première classe en Catalogne. Dans six semaines, ils se retrouveront au Giro où le directeur sportif de Soudal, Klaas Lodewyck, emmènera ses meilleurs éléments. Par STÉPHANE THIRION, envoyé spécial à Barcelone Le 26/03/2023 à 17:55
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Primoz Roglic – Remco Evenepoel: la revanche se disputera en Italie
Primoz Roglic – Remco Evenepoel: la revanche se disputera en Italie Face aux arènes de Barcelone, où les avenues sont aussi larges qu’une autoroute, Remco Evenepoel s’est revu à Madrid, quelques mois plus tôt, admirant de la même façon les splendeurs architecturales de la deuxième cité espagnole. Pas de victoire finale cette fois, certes, au bout d’une semaine pourtant mémorable mais des satisfactions presque similaires. Et, surtout, des enseignements de première utilité dans la perspective de l’objectif suprême en 2023 : le Tour d’Italie. 1 Les objectifs fixés largement atteints Derrière ses lunettes de professeur, Klaas Lodewyck, le directeur sportif le plus proche du Brabançon dans la structure de Soudal-Quick Step dispose aussi d’un flegme à toute épreuve. Il est l’eau, Remco le feu et cette dualité fonctionne à merveille. « Je sais qu’il est déçu, car un champion comme lui n’est jamais content. Une deuxième place, c’est frustrant, surtout à l’issue d’une course qui s’est jouée aux bonifications. Mais moi, je suis ravi. Les objectifs fixés sont atteints : deux victoires d’étape et un podium, sans parler des maillots distinctifs, c’est parfait. » 2 Des petites erreurs facilement perfectibles Est-il concevable d’évoquer des erreurs lorsqu’on parle d’une deuxième place finale d’un Tour d’une semaine de qualité supérieure ? « Non, admet Lodewyck. Surtout si le vainqueur s’appelle Primoz Roglic, qui a été poussé chaque jour dans ses derniers retranchements. L’expérience conditionne le sang-froid et Roglic a démontré toute l’étendue d’un cyclisme qui a pu sembler cynique à certains. Il a pris le pouvoir dès la première étape là où attendait un sprint massif. Remco était où il devait être mais il a entamé son sprint un poil trop tard alors qu’il était, sur ce coup-là, le plus rapide. Le lendemain, il part trop tôt et prend le dernier virage trop large pour permettre à Ciccone de s’engouffrer. Il y a ensuite la victoire à La Molina. Vous me dites que si Remco avait sprinté jusqu’au bout plutôt que de lever les bras, il aurait pris le maillot. C’est absolument exact, mais là encore, comment lui adresser un reproche ? Il rêvait de cela depuis fin septembre avec le maillot arc-en-ciel. Cela en devenait une obsession. Il est jeune, il a besoin de profiter, je partage sa joie quand il lève les bras. Si on analyse froidement la situation alors oui, c’était une faute car il aurait été leader, il aurait pu défendre plutôt que d’attaquer. 3 Une équipe Soudal-Quick Step supérieure à Jumbo-Visma Un directeur sportif est évidemment plus attentif qu’un autre au fonctionnement collectif de son groupe. Le rapport final sera brillant car la formation belge a dominé ce Tour de Catalogne. C’est elle qui a pris la course en mains. « J’ai beaucoup aimé. La gestion, le placement, l’entente, le partage des rôles, surtout en montagne où les gars se relayaient en fonction de leur forme de l’instant, avec l’honnêteté de partager leurs sentiments dans l’oreillette. Je n’aime pas trop juger comment a fonctionné l’adversaire, car la course a rapidement pris le chemin d’un duel entre Jumbo et nous mais il est certain que nous avons forcé les adversaires à travailler, ce qui a isolé Roglic, lequel n’a pas tremblé. 4 Quelle équipe au Giro ? Les hommes de Klaas Lodewyck ont en tout cas marqué des points dans la perspective du Giro. « Je ne vais pas décréter maintenant que les six équipiers qui étaient ici (Hirt, Serry, Van Wilder, Vervaeke, Masnada et Cattaneo) seront d’office au Giro. La sélection s’effectuera sur base de la forme du moment et de la santé des coureurs car nous ne sommes toujours pas à l’abri d’un cas de covid. Ensuite, il conviendra d’équilibrer cette sélection, d’ajouter un rouleur et/ou un grimpeur. Au moment des classiques ardennaises, nous y verrons plus clair. Nous n’attendrons pas au-delà pour choisir les huit éléments car il n’est pas sain de laisser des athlètes dans le doute. » La garde rapprochée de Remco Evenepoel, à savoir Serry, Vervaeke et Van Wilder a pourtant la garantie d’être au Tour d’Italie. Ces hommes ont partagé les mêmes souffrances au volcan Teide pendant le stage et ils en remettront une couche avant les classiques wallonnes. Les grimpeurs Masnada et Hirt ont été engagés pour le soutenir. Le choix final devrait se jouer entre les rouleurs Cattaneo et Cavagna et le grimpeur Schmid. Le Français a remporté deux étapes à la semaine italienne Coppi et Bartali et le Suisse a gagné le classement final. Difficile de faire mieux pour revendiquer un statut de titulaire… 5 Le contre-la-montre reste l’arme fatale de Remco Evenepoel « C’est sûr que ses paramètres en la matière sont un plus indiscutable, termine Klaas Lodewyck. Mais Roglic est le champion olympique de la discipline, ne l’oublions pas. » Assistera-t-on, du coup, à un nouveau duel sans partage au Tour d’Italie ? Merijn Zeeman, le directeur sportif de Roglic, considérait en tout cas que le cyclisme proposé par Evenepoel a boosté… celui de Primoz. « Remco, c’est le nouveau kid (sic) du peloton. Quand on sait qu’il va forcément s’améliorer avec l’âge, c’est prometteur. Il fait le spectacle, il rend la course attractive et notre « vieux » Primoz a participé au jeu, il adore cela. Aujourd’hui, je vous dirais oui, ce sera un duel entre les deux au Giro mais c’est dans six semaines, n’anticipons pas trop. » Roglic et (surtout) Evenepoel ont offert un spectacle de première classe en Catalogne. Dans six semaines, ils se retrouveront au Giro où le directeur sportif de Soudal, Klaas Lodewyck, emmènera ses meilleurs éléments. Par STÉPHANE THIRION, envoyé spécial à Barcelone Le 26/03/2023 à 17:55